Mésaventures
Souvenirs amers de quelques mésaventures en France…
Avec surprise j’appris par la presse française à la fin des années 70 que j’étais suspecté d’être à la base d’un mouvement fascisant qui voulait manipuler les consciences. Ce qui me blessa le plus fut d’être soupçonné d’être antisémite. Lorsque je protestai et voulus consulter les sources de ces allégations, on me répondit qu’elles étaient confidentielles et non consultables, puisqu’il s’agissait d’extraits de fiches des Renseignements généraux de l’État et que le fait de transmettre ces éléments « pouvait mettre en danger la République ». Je n’avais donc pas le droit de les consulter et par conséquent de me défendre. Je dois préciser que je n’ai jamais eu d’activité politique en France et n’ai fait l’objet d’aucune condamnation de toute ma vie. [Mon unique militance politique date de ma période de jeunesse à Buenos-Aires dans le mouvement sioniste socialiste DROR qui obéissait à l’époque à la ligne de Shimon Pérès !]
J’entamai donc une longue procédure judiciaire de huit ans, qui m’amena jusqu’au Conseil d’État qui, enfin, m’octroya le droit de consulter l’intégralité de ces fiches et condamna l’État français à me verser des dommages et intérêts. Malgré l’accord du Conseil d’État, je dus demander, selon la loi, à la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) de se substituer à moi pour réclamer les fiches aux Renseignements généraux, ce qui me fit attendre encore deux ans pour parvenir à les consulter au complet.
Je n’étais pas au bout de mes peines parce que, dans un courrier, la CNIL m’expliquait que malgré l’arrêt du Conseil d’État, la consultation de ces fiches répondait à trois cas de figure :
Que toutes les fiches pouvaient receler des éléments pouvant porter atteinte à la sécurité de l’État (ce qui était la raison invoquée pour ne pas me les communiquer) et je ne pourrai pas y avoir accès direct.
Que si seulement certains passages de ces fiches étaient en rapport avec la sécurité de l’État ou de certaines personnes, ces mentions seraient barrées des fiches pour la consultation.
Enfin, que si ces fiches ne recélaient aucun danger pour l’État ni pour des personnes, elles pourraient être consultées dans leur intégralité. Ce qui fut le cas. Finalement, après dix ans de procédures, je pus donc consulter directement l’intégralité de ces fiches. Elles ne révélèrent qu’une analyse politicienne réductrice de l’association philosophique et culturelle que je préside, sans apporter aucun élément factuel ni réflexion sérieuse. J’avais attendu dix ans pour rien ! Cela apporta la preuve irréfutable d’une volonté malveillante et d’une tentative de manipulation pour entretenir le soupçon autour de ma personne sur des sujets par ailleurs largement démentis par mes livres et autres écrits, par mes engagements et mes actions tout au long de ma vie [voir les autres rubriques de ce site].
Cet amalgame peut-être considéré comme une grave erreur politique. En effet, les langues commencent à se délier. C’est ainsi que l’ancien premier ministre français, Lionel Jospin, dans une interview à la radio en octobre 2007, expliquait que dans les années 80 il n’y eut aucun danger de montée fasciste en France, mais que des dossiers furent mis en avant pour des raisons de tactique électorale.
J’ai remis à la CNIL un dossier demandant la rectification de ces fiches. La procédure est en cours… je vous tiendrai au courant.