Que savons-nous de la réalité ?
Que savons-nous de la réalité ? Certains disent qu’elle correspond à l’image que nous en présentent nos sens, d’autres prétendent qu’elle n’est qu’illusion, un grand vide rempli d’énergie. Existerait-il différents niveaux de réalité ?
Pour les civilisations anciennes Anciens, (Chinois, Égyptiens, Mayas…), l’univers est composé de matière vivante en état vibratoire, de parties en interdépendance les unes avec les autres et avec le Tout. L’homme cherche à vivre en bonne intelligence avec la Nature, à en connaître les lois et leur pouvoir transcendant. Au XVIIe siècle, philosophes et scientifiques prônent la séparation entre la Nature et l’Homme. Descartes énonce l’existence de deux niveaux de réalité distincts chez l’homme : le corps spatio-temporel et le mental transcendant le temps et l’espace. Avec l’arrivée de Newton et la loi de la gravitation universelle, la théorie mécaniciste transforme l’univers en une grande horloge mécanique bien huilée dans laquelle tout devient prédictible (l’évolution de l’orbite, le déplacement des planètes… ). Tout est déterminé et l’homme a ainsi peu de chance de changer le cours des choses et encore moins de se changer lui-même !
Changer de paradigme ?
Au début du XXe siècle, de nombreuses découvertes scientifiques remettent en cause la théorie mécaniciste mais l’homme continue à vivre dans cette même vision, faite de certitudes et de détermination. Alors que Newton définit la matière comme un ensemble de particules, les scientifiques aujourd’hui découvrent que la matière peut se transformer en énergie et réciproquement. Le magnétisme, l’électricité, le son ne seraient qu’une même réalité vue sous différents aspects. Non seulement l’ancien paradigme mécaniciste ne fonctionne plus vis-à-vis des sciences modernes mais il ne permet pas de libérer l’homme de sa souffrance dans les situations impermanente et incertaines de la vie. Il est donc nécessaire de changer de paradigme.
« Allez avec confiance dans la direction de vos rêves. Vivez la vie que vous avez imaginée »
Henry David Thoreau (philosophe et poète américain)
La matière, une illusion ?
Aujourd’hui nous savons qu’il y a différents niveaux de réalité. Prenons un atome d’hydrogène composé d’un noyau, d’un proton, d’un neutron et d’un électron. Imaginons que le noyau ait la taille d’un ballon de basket. L’électron se trouverait à trente cinq kilomètres du noyau et entre les deux, il y aurait du vide ! Même les atomes seraient également constitués d’un espace prétendument vide qui renfermerait une quantité incroyable d’énergie ! Et quand on sait que l’homme est également constitué d’atomes… Quand nous voyons un objet, en réalité il est rempli de vide ! La matière serait-elle une illusion, Maya comme disent les Hindous ?
Le mental intégré à nos yeux
L’œil ne sait pas ce qu’il voit, de la même façon que l’appareil photo ou la caméra ne sait pas ce qu’il filme. C’est grâce au mental que nous sommes capables de construire et de comprendre l’image de l’œil et que nous pouvons décoder toutes les perceptions sensorielles des quatre plans de la personnalité (corps, énergie, émotions, raison). Mais le mental se base uniquement sur ce qu’il connaît. Chaque fois que nous apprenons une chose nouvelle nous stimulons l’interconnexion de réseaux neuronaux pour en former de nouveaux. Si nous n’acquérons pas de nouvelles connaissances, notre mental traitera la perception de la réalité comme il en a l’habitude, en disque rayé et nous n’aurons alors aucune possibilité de changer notre perception des choses ni de nous-mêmes !
Apprendre par la raison ou l’expérience ?
Pour assimiler de nouvelles connaissances, deux voies sont possibles : la voie intellectuelle et celle de l’expérience. Il est important de relier les deux : transformer la connaissance en expérience et assimiler la pratique par la connaissance. L’expérience consiste à agir en toute conscience. Les émotions et les sentiments jouent également un rôle fondamental dans l’acquisition des connaissances (d’où l’importance de l’art et de l’expression des sentiments). Les grands scientifiques ont été également de très bons musiciens, amateurs d’art ou poètes.
L’extension du champ mental
Rupert Sheldrake, biologiste anglais et auteur de nombreux ouvrages, s’est intéressé à la construction de la réalité des perceptions. Celle-ci se fait en deux directions : de l’extérieur et de l’intérieur du cerveau. L’œil capte la lumière extérieure par la rétine, les cellules en forme de bâtonnet la transforment en impulsions électriques qui sont ensuite transmises aux nerfs optiques pour s’acheminer dans les aires corticales visuelles du cerveau où elles vont être traitées et transmises enfin au lobe frontal pour la prise de décision. Quand nous lisons un livre, nous le voyons à l’extérieur de nous. En réalité dit Sheldrake, nous ne le voyons de l’intérieur de notre cerveau. Ce n’est pas le cerveau qui touche l’objet mais le mental qui est connecté à lui par ce que Sheldrake appelle « l’extension du champ mental ». Et plus on regarde loin, plus on projette notre champ mental, plus on se connecte à la chose. Pour chaque personne, le processus est différent car nous ne voyons pas tous de la même manière, nous ne construisons pas tous les mêmes réseaux neuronaux dans notre cerveau et notre subjectivité est différente pour chacun d’entre nous. S’il n’y a pas d’extension du champ mental sur l’objet que nous devons voir, nous ne le voyons pas. Et c’est pour cela d’ailleurs que nous passons à côté de beaucoup de choses sans les voir… Alors évidemment, quand quelqu’un a vu quelque chose, Tout à coup tout le monde le voit en même temps. Pourquoi ne le voyions-nous pas auparavant ? Parce que nous n’avions pas fait la bonne relation d’extension du champ de notre mental. Et peut-être aussi parce que nous manquions d’éléments mentaux de reconstitution à l’intérieur de nous-mêmes !
« La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information »
Albert Einstein
Défier la vitesse de la lumière
En 1935, Einstein crée des particules identiques communes entrelacées, qu’il décide de séparer et d’envoyer dans deux directions différentes. L’une va à droite, l’autre va à gauche. Il transmet une information à l’une des particules et instantanément l’autre la reçoit également. Le phénomène est instantané et défie la loi de la relativité (où les choses se propagent à la vitesse de la lumière, en prenant un temps même minime). Si une particule dépasse la vitesse de la lumière, elle n’existe plus à l’endroit où elle était. Et on ne sait pas comment le transfert d’information d’une particule à l’autre s’est produit ! La théorie de la relativité d’Einstein ne fonctionne pas pour la micro-échelle. À un certain niveau, très subtil, très « micro », les phénomènes ne se produisent pas comme d’habitude. C’est la découverte de la physique quantique de Max Planck (du latin quantum, plus petite mesure indivisible, que ce soit celle de l’énergie, de mouvement ou de masse). Quand un électron veut changer d’orbite, il le fait instantanément, par ce qu’on appelle un saut quantique, en passant par le vide et en réapparaissant instantanément ailleurs. Il y aurait donc des plans de réalité qui transcenderaient l’espace-temps. Et les phénomènes quantiques existeraient à la fois dans l’univers mais également dans l’homme ! En clair, on peut modifier les choses malgré que tout paraisse déterminé !
Le principe d’incertitude
Une particule est à la fois quelque chose d’unique mais en même temps double car elle peut être à la fois un corpuscule de matière et une onde. Cette constitution double vient-elle d’elle-même ou de notre perception ? Quand la particule est un corpuscule de matière, elle est observable et localisable dans un lieu. Quand elle est onde, elle se déplace dans le temps. Elle peut donc être particule et onde à la fois et peut se situer dans deux ou plusieurs lieux en même temps ! Si on veut savoir dans quel lieu se situe une particule, il sera difficile de la situer dans le temps et si on calcule dans quel temps elle est, on ne saura pas dans quel espace elle se trouvera ! C’est le principe d’incertitude de Werner Heisenberg. Mais cela n’empêche pas la particule d’agir comme elle se doit. La particule agira comme si elle était là, sans y être physiquement !
« Ce que je croyais irréel jusqu’ici me semble plus réel à certains égards que ce que je pensais réel et qui maintenant me paraît irréel »
Fred Alan Wolf (physicien quantique et écrivain américain)
Quand le virtuel devient manifesté
Nous avons vu précédemment qu’une particule était immergée dans le vide. Si nous arrivons à créer un champ autour de ce vide, il émerge des quanta qui peuvent disparaître aussitôt. Le vide serait donc comme un lieu où tout serait virtuel et par un effet d’attention et d’intention de l’observateur, des parties de cette virtualité deviendraient manifestées. Ce phénomène se produit au niveau le plus micro-cellulaire dans nos neurones, qui génèrent à la fois une activité électrique et chimique parfaitement compréhensible et une activité quantique qui l’est moins. C’est encore un changement de vision. L’homme crée les réalités en fonction des nécessités et de la force d’intention qu’il y met !
La matière… des champs d’énergie
Pour notre mental et notre vision matérialiste, il apparaît inconcevable que les particules de matière soient entourées de vide et qu’il y ait plus de vide que de matière ! On sait aujourd’hui que les particules sont de l’énergie. Il n’y aurait donc pas de briques pour construire la maison mais des champs qui organiseraient l’énergie pour donner l’apparence d’une maison, comme l’aimant attire la limaille de fer avec son champ d’énergie pour qu’elle prenne une apparence et une forme ! Et nous savons également que si on coupe un champ, il se reproduit à l’infini, peut importe la grandeur du champ.
Sortir de l’espace-temps
Le bouddhisme tibétain prétend que les objets tels que nous les connaissons ont leur réalité parce qu’ils sont conditionnés par l’espace-temps et un langage conceptuel. Mais il y a un plan au-dessus, qu’ils appellent curieusement le plan du rêve, dans lequel les choses n’ont pas de temps ni d’espace mais répondent à d’autres lois. On y trouve des images symboliques qui apparaissent simultanément. Un symbole peut signifier plusieurs choses à la fois. Il peut se situer dans tous les temps. Et c’est la raison pour laquelle dans leurs pratiques, les bouddhistes utilisent des mandalas, des diagrammes, pour organiser, extraire ou relier, créer les interfaces nécessaires pour travailler dans le plan du rêve.
Ainsi la réalité ne semble pas être ce qu’elle est, selon le point de vue où l’on se place. L’observateur a le pouvoir d’agir sur elle et sur lui-même grâce à sa conscience et à sa volonté. Nous créons donc notre réalité !
Oeuvres de Rupert Sheldrake
- Une nouvelle science de la vie
Éditions du Rocher, 1985- La mémoire de l’univers
Editions du Rocher, 1988- L’âme de la Nature
Editions du Rocher, 1991- Sept expériences qui peuvent changer le monde
Editions du Rocher, 2005